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Déc 30

Jean-Pierre LEVARAY : « Faire quelque chose »

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Editions Chant d’orties (2015), collection L’Eglantine (8€)

 

Jean-Pierre LEVARAY, écrivain engagé, aime parler du monde du travail en usine car c’est un monde qu’il connaît bien pour y avoir passé de nombreuses années de sa vie.

La plupart du temps, ses ouvrages sont à destination d’un public adulte, mais ce court roman, « Faire quelque chose », s’adresse plutôt à des adolescents de collège et de lycée. Ce n’est pas la première fois qu’il écrit un texte pour les jeunes : « C’est quoi ce travail ? » (paru en 2012) était déjà une réussite.

Cette fois encore, l’histoire a pour décor une usine et comme personnages, ses ouvriers. L’action se déroule en 1941 et en 1942 dans la région de Rouen, à Sotteville exactement. L’usine où travaille Simon, le héros, dix-sept ans, vient de changer de mains. Autrefois dédiée à la fabrication de locomotives pour la SNCF, elle produit désormais des engins pour la Reichbann. Il faut dire que les allemands ont envahi la moitié nord de la France… et que les ouvriers n’ont aucune envie de travailler pour eux. Ils sabotent la production en resserrant le mandrin un peu trop ou en jetant des copeaux métalliques dans les bacs d’huile… Mais cela ne leur suffit pas, et ce, malgré les représailles sérieuses à l’encontre de certains des leurs : emprisonnements, déportations, prises d’otages, condamnations à mort. Ils veulent « faire quelque chose » pour lutter contre l’occupant et petit à petit des réseaux de résistance se créent dans la région rouennaise. On sait, depuis, que les cheminots de France ont été parmi les Résistants les plus actifs de cette période noire. Simon ne veut pas se contenter d’observer ses collègues un peu plus âgés que lui. Il veut participer aussi ! Il est intégré à un groupe qui prépare une action importante à Rouen. A la grande surprise de tous, Simon déclare qu’il veut être le guetteur qui préviendra du moment propice pour jeter la bombe. Petit rôle… mais crucial !

A partir de ce moment, Simon va s’émanciper. Avec courage, il écrira à ses parents et s’éloignera d’eux pour ne plus travailler pour les Allemands. Au fil des pages, on sent le héros s’affirmer, ne plus craindre les conséquences de ses actes, et suivre ses convictions face à l’oppresseur. Toutes valeurs importantes à transmettre aux lecteurs adolescents.

« Faire quelque chose » est écrit dans un style vif, avec des phrases courtes qui donnent du rythme aux aventures de Simon.

Les quelques illustrations de Brigitte ROUSSEL affirment la destination jeune public de ce petit roman rapide. Elles donnent une bonne idée de l’ambiance de l’époque.

Le roman s’achève par une séquence se déroulant en 2013. Simon, désormais un vieux monsieur, témoigne de son histoire et de son engagement auprès de collégiens. Il termine en évoquant un monument aux morts particulier, qui se trouve à Gentioux, dans la Creuse. https://fr.wikipedia.org/wiki/Monument_aux_morts_de_Gentioux-Pigerolles

Ce monument est d’inspiration pacifiste et on peut y lire : « Que maudite soit la guerre. »

Histoire de rappeler aux jeunes gens d’aujourd’hui que la paix, c’est bien aussi…

Et qu’on peut certainement « faire quelque chose » pour la conserver…

Site des éditions Chant d’Orties

Lydie GEORGE

5 décembre 2016

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