Sep 25

20ème Marché aux livres d’occasion à Ambleteuse

20ème Marché aux livres d’occasion à Ambleteuse.

Le diaporama de la journée en quelques photos souvenirs  Cliquer ici

Avr 20

Michel VIGNERON : « Un vent printanier »

 Editions L’atelier Mosésu (2015), 320 pages, 20 €

 

Le sympathique éditeur Sébastien Mousse est à l’origine d’une nouvelle collection consacrée à la guerre de 1939/1945, « le roman noir au service de l’histoire ». Trois ouvrages sont annoncés, dus aux plumes de Stanislas Pétrosky, Jean Mazarin et Michel Vigneron. C’est au troisième auteur que nous devons « Un vent printanier ». Calaisien d’origine, Michel Vigneron est policier, il fut en poste à Boulogne-sur-Mer puis, il séjourne actuellement en Guyane. Il se servit de son expérience professionnelle pour écrire des romans comme « Maryline de Boulogne », « Boulogne K » ou « Le puits de la perversion » (chez Ravet-Anceau) qui sont des histoires sombres, violentes et souvent dérangeantes. On lui doit aussi une excellente aventure de « L’embaumeur ».

 

« Vent printanier » est le nom de code d’une opération s’inscrivant dans le dispositif plus vaste organisée par l’Allemagne Nazie, visant à déporter les Juifs des territoires occupés de l’Europe de l’Ouestcomme la France qui devait livrer 110 000 Juifs dans l’année 1942. L’opération fut à l’origine, en France occupée, de plusieurs raflesde Juifs orchestrées et effectuées par la police française, en juillet 1942, sous le régime de notre bon maréchal à Vichy. La plus importante est la rafle du Vélodrome d’Hiver, le 16 juillet : ce sont 13 152 hommes, femmes et enfants qui furent arrêtés, internés et déportés vers les camps d’extermination. C’est cette rafle qui est le décor du roman de Michel Vigneron.

 

Tout commence en juillet 1995, le jour où, au cours d’une commémoration, le Président Jacques Chirac reconnait pour la première fois la responsabilité de la France dans la déportation des Juifs. Deux vieilles personnes, submergées par l’émotion, y assistent : elles ne se sont pas vus depuis vues depuis la rafle du Vel’d’Hiv’. Le passé resurgit et, alors commencent l’histoire. Et voici la jeune Rachel, chef naturel d’une bande de gamins « le gang des étoiles de shérif », et son frère Joseph qui commet l’interdit en tant que Juif puisqu’il est l’amoureux secret d’une catholique, Françoise Cette dernière a un frangin, un policier dégoulinant de haine, pour les Juifs comme pour le reste du monde. Il profitera de la rafle pour régler ses comptes avec une violence extrême. Il y a aussi Jean, un autre gardien de la paix, qui doute, qui a des remord de participer aux actions de la police française…. Tous ces personnages convergent vers un final surprenant et brutal.

 

Michel Vigneron s’est bien documenté et connait parfaitement son sujet. La vie (si on peut appeler ça la vie) à l’intérieur du Vel’d’Hiv’ est décrite avec rigueur et ça vous retourne les tripes. Il nous montre la haine des Juifs éprouvée par beaucoup de français, manipulés par une certaine exposition, et ça aussi, ça reste dérangeant. Comme à son habitude, l’écriture est directe, compréhensible à la première lecture. Une fois entré dans le livre, difficile de le quitter. L’auteur, bien que policier au quotidien, ne fait aucune concession à ses collègues en fonction il y a 72 ans. Même si je trouve Michel Vigneron légèrement moins à l’aise dans le roman historique que le roman noir, le livre est une réussite que je recommanderai à tous les amis lecteurs.

 

Didier Hanquez

« Le Livre à La Mer », le 20/04/2015

Mar 30

Gilles DEBOUVERIE: « Entre Pierre et fer ».

Prolixe Editions (2015), 312 pages, 16 €

 

C’était au dernier salon du polar de Templemars, qui a lieu chaque année le dernier samedi de septembre, que j’ai croisé Gilles Debouverie. Entre les auteurs qui interpellent le lecteur comme des camelots, ceux qui semblent résignés à ne rien vendre et les quelques vedettes du roman policier en représentation, j’ai découvert un écrivain sympathique avec qui il était facile de converser sur son œuvre, l’édition et le monde du livre. Né à Roubaix, habitant actuellement par le petit village d’Illies dans les Weppes (Flandres françaises), il a publié en  2012 son premier roman aux éditions Nord-Avril : « La Cène de Crime ». Il écrit aussi pour la jeunesse : une première aventure de Romane la petite enquêtrice, « La petite accusée », est éditée également chez Nord-Avril en 2014. Cette histoire qui aborde des thèmes comme le racisme et l’intolérance peut contribuer à donner le sens des valeurs aux enfants de cycle 3.

C’est en février 2014 que Gilles Debouverie publie son deuxième roman pour adultes « Entre pierre et fer » chez Prolixe éditions (autrement dit chez lui-même). L’histoire se situe en 1197 en Flandres. Un roman d’aventure devenant  thriller médiéval, on y ajoute une touche de Fantasy, un zeste de roman courtois, une pincée de sentiments amoureux, une autre de magie et voici la recette d’un roman réussi, selon Gilles Debouverie.

Vendeur ambulant voyageant avec sa famille, le personnage central de l’histoire, Arnault, subit un traumatisme lorsque son chariot est attaqué par des mercenaires : sa mère est violée et égorgée, sa sœur enlevée, son père gravement battu perd la tête… Il intègre alors une caravane d’artistes ambulants  et d’artisans qui se rendent à Illies pour les festivités qui accompagneront le mariage de la fille du seigneur du lieu. En chemin, il rencontrera un prêtre qui sera assassiné peu après. Voulant comprendre ce crime et savoir ce qui est arrivé à la famille, Arnault va découvrir une importante machination vengeresse, machination à laquelle sont mélés templier en souffrance, seigneur déshonoré, chevalier au grand cœur, sorcière magnifique et cruelle, Sarrazin justicier et… le grand Amour…

Ce roman est bien attrayant : une fois rentré dans l’intrigue, celle-ci se révèle prenante et les personnages bien attachants (avec des méchants vraiment détestables). Chaque chapitre (qui correspond à une journée) débute par un extrait du journal du héros, ce qui est une bonne trouvaille pour mieux nous faire comprendre ses motivations. On note également une utilisation à bon escient des flash-back pour relancer l’intrigue. Il y a aussi un côté didactique à l’ouvrage car chaque terme médiéval, dont nous avons de nos jours oublié le sens, nous est expliqué, ainsi que la géopolitique des Flandres au douzième siècle.

En conclusion, Gilles Debouverie a su nous faire partager sa passion pour l’Histoire de sa région et de sa ville d’adoption. C’est un roman passionnant que je vous recommande. Bonne lecture !

Didier Hanquez

« Le Livre à La Mer », le 30/03/2015

Mar 20

DEDICACE A LA « MARE AUX DIABLES », Dunkerque

Ce vendredi 13 mars, Olivier de Solminihac  était présent à la librairie « la Mare aux diables » de Dunkerque, pour dédicacer son nouvel album jeunesse, « Le Bateau de Fortune » et son dernier roman adulte « L’homme au fond ».  

Ce fut l’occasion pour lui d’échanger avec ses lecteurs, heureux de le retrouver ; il a pu évoquer de la création du « Bateau de fortune », album jeunesse illustré magnifiquement par le Québécois Stéphane Poulin, qui a travaillé minutieusement la lumière (grâce essentiellement à une série de photos maritimes transmises par l’écrivain). Cela raconte l’histoire de l’ours Michao qui conduit sur la plage abandonné Marguerite, la chevrette, et son ami (frère ?) le renardeau. Mais en ouvrant le coffre de leur voiture, ils s’aperçoivent qu’ils ont oublié jeux de plage, serviettes, maillots de bain… Que faire pour éviter l’ennui ? Eh, bien ! Construire un bateau de fortune avec ce que nous offre le bord de mer…

L’écrivain nous annonce qu’il publiera à l’automne « J’ai peur de savoir lire » (École des loisirs) et « Écrire une histoire » (La Contre-Allée).

 

Lydie GEORGE & Didier HANQUEZ

« Le Livre à La Mer », le 20/03/2015

Mar 10

Olivier de Solminihac : Le bateau de fortune ».

 Illustration : Stéphane Poulin

Editions Sarbacane (2015), 32 pages, 15.50 €

 

Il y a quelques années, j’ai découvert les livres pour la jeunesse d’Oliver de Solminihac aux éditions « L’école des loisirs », j’ai tout de suite été sous le charme de ses histoires qui mêlaient humour et problèmes de la vie courante. Puis, j’ai rencontré l’homme, haute silhouette au regard bleu rêveur, courtois et timide, pour un atelier d’écriture au sein d’une classe d’une école primaire. Cet atelier fut si riche, si attractif que je le pense gravé dans la mémoire de chacun des participants. Depuis, je guette chaque sortie de cet auteur attachant. Et, en cette fin d’hiver 2015, deux de ses ouvrages sortent à un mois d’intervalle : un livre pour adultes, « L’homme au fond » (éditions de l’Olivier), et un album de jeunesse « Le bateau de fortune ». Pour ce dernier, il a collaboré avec Stéphane Poulin, un excellent illustrateur et auteur de littérature d’enfance et de jeunesse québécois né à Montréal.

En début d’été, une voiture conduite par un gros ours, Michao, quitte les embouteillages pour rejoindre une petite plage. Mais, à l’arrivée, l’ours et ses passagers, un renardeau et Marguerite, une chevrette, constatent qu’ils ont oublié toutes leurs affaires! Finis les jeux et les bains de mer ! Pour s’occuper, il va falloir faire preuve d’imagination : par exemple, construire un bateau de fortune avec ce que l’on peut ramasser sur la plage…

Cet album au grand format (23,5 x 31,5 cm) est vraiment une réussite. Les dessins de Stéphane Poulin, au service du texte, sont simplement magnifiques, si lumineux. On sent presque le vent et le soleil sur sa peau. C’est beau, c’est poétique. On a envie de dire : « s’il vous plait, messieurs Poulin et Solminihac, on en veut encore ! » Un livre que l’on a envie d’offrir à tous les enfants que l’on connait !

 

Didier Hanquez

« Le Livre à La Mer », le 10/03/2015

 

Mar 10

19ème Marché aux Livres d’occasion : 1500 livres vendus!!!

L’équipe (partielle) du Livre à la Mer lors de l’installation de la salle des fêtes d’Ambleteuse.

L’association « Un Livre à la Mer », spécialisée dans l’organisation d’événements littéraires et la promotion de la littérature régionale, a proposé ce dimanche aux promeneurs amateurs de livres sous toutes ses formes son 19ème Marché aux Livres d’occasion à la salle des fêtes d’Ambleteuse, cette manifestation qui a acquis ses lettres de noblesse et surtout la reconnaissance d’un public féru de lecture, depuis sa première édition.

Nous avons pu constater cette année, avec un grand plaisir, que les visiteurs ont été encore plus nombreux que d’habitude, mais, nous avons aussi remarqué de nombreuses « nouvelles têtes », aussi bien chez les promeneurs que chez les exposants.

L’afflux important de visiteurs a fait grimpé les ventes à… 1500 documents, soient 500 de plus que les années précédentes, ce qui équivaut à 1/3 de plus. Ce nombre est un record, qui montre une réelle demande du public, en demande de lecture à moindre prix.

Rappelons pour conclure que cette action s’inscrit dans une démarche de développement durable : comme dans toutes les brocantes, les objets vendus serviront plusieurs fois…

 

Mar 09

Philippe DECLERCK : « Le Manchot à peau noire (L’embaumeur 8) »

 Editions L’atelier Mosésu (2015) collection L’embaumeur, 13 €

La savoureuse collection « L’embaumeur » présente les aventures d’un héros pas comme les autres, Luc Mandoline, un thanatopracteur itinérant, ex-légionnaire, souvent aidé par Elisa, journaliste et amie d’enfance (une femme battue qu’il aime platoniquement), qui s’intéresse aux décès par trop suspects, aux personnages trop bizarres, et qui  devient un enquêteur non assermenté qui cherche la vérité à tout prix. Chacun des huit tomes déjà parus de la collection est écrit par un auteur différent (comme Michel Vigneron, Maxime Gillio, Claude Vasseur ou Jess Kaan … auteurs que nous connaissons bien et… que nous aimons beaucoup) sur le modèle d’un autre personnage célèbre dans le monde du Polar « Le Poulpe ».

Pour cette huitième aventure de l’aventurier manipulateur de cadavres, l’éditeur a changé de format, fini le livre de poche mais la présentation en est tout aussi réussie et plus agréable pour le lecteur vieillissant à la vue basse. Pour l’écriture, c’est Philippe Declerck qui est aux commandes. Ce mervillois d’origine s’est auparavant illustré dans la collection « Polars en Nord » (chez Ravet-Anceau) qu’il a enrichie de cinq romans. Dans ce récit, alors qu’il prépare un corps pour son inhumation, Luc Mandoline constate que c’est la deuxième fois en cinq mois qu’il travaille sur le cadavre d’un homme noir sans nom, torturé et mutilé. La répétition des faits, qui n’a pas été relevée par la police, l’interpelle.  A l’aide de Max, ami d’enfance devenu policier, et d’Elisa, il met à jour une série de meurtres de natifs d’Ouganda. Mais, parfois l’intérêt des états passe avant celui de la justice… Et c’est en Afrique que Luc rééquilibrera les plateaux de la Justice.

Le début du roman nous dépeint un Luc Mandoline plus homme ordinaire que héros : il a des problèmes de communication avec son père, des soucis d’argent aussi, il fume et boit trop à mon avis, il vit une relation amoureuse importante durant son enquête (il va même jusqu’à accueillir la Belle chez lui !) . Vers la fin du récit, il redevient un homme d’action froid et sans scrupule. Différent dans l’ambiance des autres opus, Philippe Declerck nous livre une intrigue intéressante qui se lit rapidement (beaucoup de dialogues qui allègent le propos), peut-être trop rapidement (j’avoue qu’il ne m’aurait pas déplu que  certains passages de l’histoire soient plus développés…). Mais, ne boudons pas notre plaisir : c’est un roman très agréable dans une collection fort réussie.

 

Didier Hanquez

Fév 25

Lucienne CLUYTENS : « La panthère sort ses griffes »

 

Editions L’atelier Mosésu, (2015)  240 pages, 10 €

 

Le sympathique éditeur « Atelier Mosésu » a lancé une nouvelle collection en fin 2014 : « Dirty Girls », la série où les femmes mènent la danse ! Le premier opus est signé par Lucienne Cluytens. Cette auteure lilloise de polars a déjà été reçue par « Le Livre à La Mer » au cours d’un Café Littéraire consacré aux dames du Roman Noir. En 2004, son premier livre «  La Grosse » (Liv’Editions) est sélectionné pour le Prix du Polar SNCF. Chez le même éditeur, elle publie « Le Petit Assassin », en 2006, puis c’est dans la célèbre collection Polars en Nord chez Ravet-Anceau que sont édités une série de quatre romans policiers mettant en scène le capitaine Flahaut, policier lillois mal vu par sa hiérarchie mais attachant. « La panthère sort ses griffes » est son huitième roman.

Ce livre nous raconte l’enquête de Gillian Carax, flic de la police lilloise et sorte d’inspecteur Harry au féminin. L’héroïne est une « bombasse », très libre de mœurs, qui prend très (trop ?) à cœur son travail et n’hésite pas à franchir les limites de la loi, ni à ôter sa petite culotte pour la bonne cause. Elle enquête sur le meurtre d’une de ses amies, Djamila, une prostituée retrouvée le visage tailladé. Très vite, elle va être entraîné dans les milieux sadomasochistes, à Lille puis du côté de Courtrai en Belgique, où des parties fines auxquelles participaient des personnalités auraient dérapées…

Comme d’habitude, l’écriture de Lucienne Cluytens est claire, compréhensible à la première lecture, on rentre directement dans le sujet. Le lecteur ne s’ennuiera pas un seul instant tout au long de ce récit qui multiplie les rebondissements, enrichie par quelques touches d’érotisme. Une bonne lecture pour les périodes de vacances

Didier Hanquez

Fév 25

Frédéric LOGEZ : « La bataille : Arras 1917 »

Editions Degeorge (2015) 80 pages, 24 €

 

En ces temps de commémoration de la Grande Guerre de 1914/1918, on voit fleurir nombre d’ouvrages sur le sujet dans les vitrines de nos libraires préférés. Le monde de la BD, lui aussi, voit paraitre d’abondantes publications sur ce thème. L’album qui nous intéresse aujourd’hui « Arras, la bataille 1917 » est du au talent d’un Lillois,  Frédéric Logez, né en 1963 à Auchel. Diplômé de l’École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris, il est d’abord illustrateur (« Trois-huit », « Du fil d’or pour le matador »…), puis scénariste, il construit des décors de théâtre et s’implique dans diverses autres activités artistiques…

Le 9 avril 1917 débute une énorme offensive dans le Pas-de-Calais contre les lignes allemandes. C’est la bataille d’Arras que nous raconte Frédéric Logez à travers les témoignages de quatre soldats issus de divers régiments britanniques. Même si ces personnages sont fictifs, les détails ainsi que tout leur univers quotidien sont bien réels et l’on se passionne pour la survie du tunnelier néo-zélandais, du vétéran de la Somme venu d’Inverness en Ecosse, de l’indien Mohawk, tireur d’élite, et de l’infirmier australien qui a perdu une jambe. Etrangement, le lien entre les quatre personnages se fait grâce à un  surprenant compagnon, un chien, bâtard à trois pattes, qui les accompagne durant tout le récit.

Pour le graphisme, le dessin de Frédéric Logez est parfois minimaliste et son trait ne connait pas la courbe. Toutes les planches sont en noir, blanc et sépia. Même s’il n’est pas toujours facile pour le lecteur  de plonger dans ces illustrations qui ne flattent le regard, quelques planches sont particulièrement impressionnantes (représentation de charniers….).

Bande dessinée en (très) grand format, ce récit enrichira culturellement l’amateur d’histoire locale : la Grande Guerre, c’était chez nous !

 

Didier Hanquez

Fév 18

Olivier DE SOLMINIHAC : « L’homme au fond »

 Editions de l’Olivier (2015) 15€

 Au fond de quoi ?… du jardin, du trou, du vide ?

A moins que ce ne soit « L’homme, au fond,… » et que le nouvel ouvrage de Solminihac ne soit une réflexion sur la perspective humaine.

C’est un peu tout cela, et plus encore, car les ouvrages « pour les grands » de ce jeune auteur nordiste sont toujours empreints de philosophie et de poésie.

En cela, il surprend le lecteur « parent de petit lecteur » qui apprécie l’humour et les clins d’œil second degré des romans jeunesse de l’auteur.

« L’homme au fond » (nous allons essayer de ne pas trahir le secret de ce personnage énigmatique.. !) commence fort : dans une première partie écrite avec un certain recul, Olivier de Solminihac, commente la phrase qui entame son ouvrage « Quand on est enfant, chez nous, on croit en Dieu ». Le narrateur y conjugue le verbe croire au temps de l’enfance, et le début d’une histoire prend forme, celle d’une famille qui déménage de Noisy-le-Grand à la banlieue lilloise : Meum, Peup et …et un, ou plusieurs enfants, impossible de savoir car, facétieusement, Solminihac va écrire tout son texte à la première personne du pluriel…

Un détail pour le moins curieux, et qui laisse perplexe le lecteur. Quel message derrière ce « nous » ? Parfois utilisé comme le « on », il va désigner une situation générale (« Nous sommes baptisés et aussitôt que nous sommes les enfants de nos parents, nous sommes les enfants de Dieu »). Parfois, rarement, se cacheront derrière le pronom plusieurs personnages (« A la friterie du coin, avec un saladier et trois euros, ça suffit pour nous tous »). Mais la plupart du temps, il n’y a que le narrateur derrière le « nous » (« Quelque chose ploie en nous […], quelque chose rompt, libérant en nous une onde de douleur qui se propage dans tout le corps et nous transperce »)…

L’habitude prise, la surprise passée et comprise, on entre dans le roman, curieux de son aboutissement. L’enfance pleine de lumière du narrateur s’assombrit brutalement un soir de Noël, où une bonne et une mauvaise nouvelle arrivent en même temps : une petite soeur est née mais « elle est partie au ciel aussitôt » explique l’oncle, certainement soulagé de pouvoir utiliser la parabole religieuse.

C’est la seconde partie qui commence alors, l’adolescence du narrateur, perdu dans et par ce dramatique épisode. « Voici ce qu’a été notre adolescence, dit-il, un trou noir, un moment que nous ne pouvons pas reconstituer parce que nous l’avons occulté, parce que tout en le vivant, nous cherchions déjà à l’oublier ». La famille déménage à Dunkerque, essaie de se restructurer. Solitaire, le jeune homme se passionne pour la lecture, pour la musique. Il semble studieux, prépare son bac tout en fumant des cigarettes à la fenêtre de sa chambre quand tout le monde dort…

Vingt ans passent…et le narrateur décide de revenir s’installer à Dunkerque où il achète une maison, non sans l’avoir cherchée longuement. C’est la troisième partie du roman, où l’on observe une nouvelle vie se mettre en place : il faut couper les arbres trop hauts du jardin qui nous empêchent de dormir sereinement, il faut remettre à neuf la maison. Jusqu’au jour où l’on découvre que derrière le mur qui entoure la propriété, une plaque commémorative évoque des civils morts à cet endroit précis pendant la seconde guerre mondiale.

Le narrateur reprend la route de la bibliothèque, puis des archives municipales : il veut savoir ce dont personne ne se souvient. C’est le début d’une quatrième partie lors de laquelle il mène une enquête historique qui l’émeut profondément.

De quoi sommes-nous prisonniers, questionne le narrateur (ou Solminihac ?)?

Et l’on comprend que tout au long de son récit, il évoque ses prisons personnelles… La religion qu’on nous impose ? Les drames de notre enfance ? Les arbres trop hauts de notre jardin ? Les 52 fenêtres qui ont vue sur notre propriété ? Le  passé oublié sur lequel on plante nos bulbes d’automne ? Et au final, ce voisin énigmatique qui nous regarde en silence ?…

Si l’on décidait de penser pour la dernière fois à tout cela, serions-nous libres ?

C’est la solution (temporaire ?) que trouve le narrateur (l’auteur ?) pour clore ce texte qui interroge sur tout ce qui nous empêche d’être complètement libres et sur les nécessaires efforts que nous devons faire pour nous situer dans une société où le passé, le présent et le futur à construire s’entremêlent et pèsent sur les épaules fragiles des Hommes.

Lydie GEORGE

18 février 2015

Le Livre à la Mer

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